Le groupe des paysannes et personnes en minorité de genre de la Confédération paysanne du Finistère s’est mobilisé le 25 novembre 2024 à Quimper, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Une prise en parole du groupe a eu lieu en amont de la marche. Ci-dessous le discours prononcé :
Nous, femmes et personnes en minorité de genre, représentons la moitié de la population mondiale. En matière d’alimentation, nous assurons les deux tiers du travail mondial, produisons environ 70 % de la nourriture et sommes responsables de plus de 80 % du travail domestique. Notre système alimentaire moderne est bâti d’abord et avant tout sur l’exploitation du travail des femmes qui occupent majoritairement les postes les plus précaires et les moins bien rémunérés de la chaîne alimentaire.
En tant qu’agricultrices, que nous soyons installées en couple ou non, nous subissons de plein fouet la double domination de classe et de genre et pour beaucoup d’entre nous, une double journée de travail productif et reproductif.
Encore aujourd’hui, 150 000 femmes participent aux travaux et à la gestion des fermes sans avoir aucun statut. Qui dit pas de statut, dit moins de cotisations sociales, pas de retraite, pas de congé maternité…
Être une femme dans le monde rural, cela veut aussi dire avoir plus de risques de subir des violences. Alors que seulement 33% des femmes françaises vivent à la campagne, 47% des féminicides ont lieu en milieu rural.
À la Confédération paysanne, une commission agit pour défendre et faire avancer les droits des paysannes. Nous portons des revendications majeures :
- lutter contre l’invisibilisation du travail des femmes sur les fermes
- créer un statut identique pour toutes les actives et actifs agricoles, c’est-à-dire : à travail égal, salaire, statut et droits égaux
- consacrer un budget massif pour lutter contre les discriminations et les violences faites aux femmes, avec un volet spécifique concernant le monde rural.
En tant que paysannes membres de la Confédération paysanne, nous adhérons pleinement à l’idée que toutes les injustices et dominations sont liées. Nous sommes fières de combattre et de déconstruire celles qui pèsent sur le monde paysan, d’ici et d’ailleurs, et qui pèsent sur l’ensemble de la société, bien au-delà de la seule sphère agricole.
Notre féminisme est écologique, paysan et populaire. Il se veut solidaire des personnes opprimées et exploitées et comprend profondément que l’exploitation des femmes et de leurs corps est intrinsèquement liée à l’exploitation industrielle de la nature et de ses ressources par le capitalisme et le patriarcat.
Notre féminisme appelle les femmes, les minorités de genre et les hommes dans leurs diversités à faire alliance dans ce combat, pour amener à une entière valorisation d’une agriculture paysanne, autonome, durable, nourricière.
Pour en savoir plus sur le travail syndical mené sur ce sujet : guide de prévention et d’actions contre les VSS