Le retour du loup en Bretagne est une difficulté de plus pour les éleveurs plein air, notamment pour ceux de petits ruminants. Des attaques récentes sur des des bovins montrent que le problème est également à prendre au sérieux de ce côté là.
La Coordination Rurale 29 (CR 29) mène une irresponsable campagne de désinformation à ce sujet préférant crier au loup que d’informer réellement les éleveurs sur les dispositifs de protection que les syndicats ont obtenu de longue lutte auprès des services de l’État.
Attaques sur bovins : état des lieux en France et dans le Finistère
Les attaques de loup sur bovins sont une réalité et la Confédération paysanne travaille à la reconnaissance de ce risque depuis longtemps.
6400 bovins prédatés en Espagne en 2020, 1200 en Italie sur la même période !
En France, en 2023 : 331 constats effectués et comprenant au moins une victime bovine :
- 148 (44,71 %) d’origine indéterminée (dont 135 indemnisés)
- 182 (55,98 %) liés à une prédation ( dont 181 indemnisés)
Dans le Finistère, entre le 1er janvier et le 1er août 2024, 21 constats ont été effectués, comprenant au moins une victime bovine, dont 17 d’origine indéterminée et 2 liés à une prédation.
Alors que la Préfecture cherche à minimiser le problème (Le Télégramme, 01/08/2024) : « les attaques sur les bovins sont rares mais possibles », le risque est bien réel pour nos élevages et l’enjeu est de taille, vue l’importance de l’élevage bovin sur notre département.
Cercles de protection et indemnisation : désinformation et abandon des éleveurs par la CR 29
Comme les ovins, caprins, équins, porcins, canidés, les bovins sont indemnisés en cas d’attaque, à partir du moment où la responsabilité du loup ne peut être écartée, peu importe le cercle et même en l’absence de cercle. Les bovins, considérés comme « non protégeables » par l’État, ne sont pas éligibles aux mesures de protection des troupeaux (clôtures, chiens de protection, gardiennage) mais restent bien indemnisables en cas d’attaque. Par ailleurs, la mise en place de tirs de défense est déjà possible sur le département pour les élevages bovins, dès la première attaque, sur dérogation préfectorale et sans besoin de mesures de protection préalables.
Pour les petits ruminants, les types de dépenses éligibles à l’aide à la protection contre la prédation par le loup sont déterminés par le classement des communes :
- Communes en cercle 1 (zones de prédation avérée) : gardiennage renforcé/surveillance renforcée, chiens de protection, investissements matériels (parcs électrifiés), analyses de vulnérabilité et accompagnement technique
- Communes en cercle 2 (zones où des actions de prévention sont nécessaires du fait de la survenue possible de la prédation par le loup pendant l’année en cours) : chiens de protection, investissements matériels (parcs électrifiés), analyse de vulnérabilité et accompagnement technique ;
- Communes en cercle 3 (zones de survenue possible de la prédation du loup à moyen terme) : chiens de protection et accompagnement technique.
Dire que l’extension du cercle 2 pénalise les éleveurs bovins est irresponsable et tient de la désinformation. Cette affirmation dénote d’une profonde méconnaissance du sujet par la CR 29 et d’une récupération électoraliste du sujet.
La CR 29 ne demande qu’une chose : classer le Finistère comme non protégeable ce qui supprimerait l’accès aux aides et aux mesures de protection pour les élevages en ne permettant que le tir. Cela revient à abandonner à leur sort les éleveurs de petits ruminants, en leur demandant d’assumer seuls la protection de leur troupeau alors même qu’ils sont les premiers à subir les attaques du prédateur, sans rien changer à la condition des éleveurs de bovins.
Revendications et victoires de la Conf’ 29 pour la protection des troupeaux
Face à cette situation, la Confédération paysanne 29 milite pour que les mesures de protection des troupeaux puissent être accessibles aux éleveurs de bovins volontaires.
La Confédération paysanne 29 est présente en Comité loup et a obtenu des avancées:
- Mise en place d’une expérimentation des mesures de protections pour les troupeaux bovins sur le département (la CR n’a proposé personne, seuls des éleveurs Conf 29 prennent part au dispositif) ;
- Déploiement du réseau Loup-Lynx sur le département, formation de 30 référents de terrain afin de suivre les indices de présence sur le territoire (la CR 29 n’a pas participé, 6 adhérents Conf 29 étaient présents) ;
- Formation de techniciens sur le département afin que des analyses de vulnérabilité puissent être réalisées sur le département ;
- Formation des agents de l’Office Français pour la Biodiversité (OFB) et louvetiers afin d’anticiper la mise en œuvre de tirs de défense des troupeaux ;
- Achat par la DDTM et mise à disposition des éleveurs de clôtures de protection anti-loup via les crédits d’urgence. Ces clôtures permettent aux élevages (bovins compris) qui subissent une attaque de mettre rapidement en protection leurs animaux afin de faire face à l’urgence ;
- Organisation d’une réunion d’information à destination des éleveurs en cercle 1, afin qu’ils puissent prendre connaissance de la situation et des mesures de protection disponibles.
Nous demandons désormais la création d’un comité indemnisations ainsi que la fusion des cercles 2 et 3 et leur extension à l’ensemble du territoire. Le loup étant aujourd’hui présent potentiellement partout, c’est une mesure d’anticipation indispensable.
L’anticipation de l’arrivée des loups par la mise en place préventive de mesures de protection ne constitue pas une acceptation passive de l’expansion des populations de loups, mais vise à mieux préparer et protéger les éleveurs qui pourraient être confrontés à cette problématique.